FIGURATION / ABSTRACTION ?
Kasimir Malevitch est en 1915 l'artiste qui amène l'abstraction sous sa forme ultime, il fonde d'ailleurs à cette période un courant artistique qu'il dénome Suprématisme prétendant se poser comme modèle supérieur de la finalité artistique d'art pur. Son oeuvre se termine pour l'essentiel par son célèbre "carré blanc sur fond blanc" . Robert Fludd en 1617, révéla le premier "carré noir".
De son coté Frank Kupka (décédé en 1957) considéré alors comme le maitre de l'abstraction se défend d'être un peintre abstrait, mais revendique l'expression d' Art non figuratif, ces deux exemples entre autres nous démontrent la difficulté de répondre précisément à cette question d'ailleurs plutôt anecdotique pour l'artiste qui tend naturellement vers sa singularité.
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TOUCHER L'ABSTRACTION
Il y a deux représentation possible en peinture, celle qui consiste à interpréter la nature qui nous entoure, ou celle d'interpréter sa nature profonde.
Par sa suggestion tactile et ses volumes, la perception ou l'identification de mon expression est plastiquement proche de la sculpture alors que son inspiration est absolument informelle et subjective. Une interprétation sensuelle de l'objet, en dehors de toute dimension picturale se référant à un réalisme, même transfiguré : pour en outrepasser la surface, ressentir sa tacticité ou son ordonnancement, sa configuration, sa charge, sa vie ...
La musique (classique en particulier) est un lien nécessaire à une méditation propice à la création, elle exacerbe ma perception, définit la tonalité, l'accent, elle imprègne l'oeuvre d'une mélodie qui ce mêle à la notre, celle qui fait ce que nous sommes .
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La création par définition, me semble être synonyme d'invention, d'originalité, de progrés, de liberté et de distance aussi à ce qui est relativement commun et assimilé, une démarche intuitive, personnelle et solitaire. Appartenir à un mouvement ou à un groupe ne me séduit pas.
Reyam D
La psychanalyse ne découvre rien que les poètes n'aient préssenti depuis longtemps.
Venue des profondeurs indéchiffrables, l'oeuvre d'art est intraduisible par des mots qui découlent de la raison . ( extrait: Freud et l'Art )
L'art est jubilatoire, la culture comme la psychanalyse sont des outils à l'interprétation des énigmes que les oeuvres renvoient quant à l'émotion qu'elles suscitent.
Texte servant profil au concours ART PRICE LUXEMBOURG 2015
Peintre / dessinateur figuratif (portrait et nu) de 1971 jusqu'aux années 90
Mon désir de traduire l'objet sous sa forme objective nommé "le contenant" laissait place, depuis les
années 90 à celui d'aller vers sa forme informelle et subjective "le contenu", sans pour autant opposer ces deux formes de représentation; dès lors s'échapper de la surface plane me paraissait nécessaire.
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L'art, la science, la psychanalyse et la littérature sont des outils à l'interprétation des énigmes qui se posent à nous, certaines réponses s'approchent d'une vérité probable,
parfois consensuelle, heureusement une part d'incertitudes subsiste, la notion du vide est de celles-là, induisant ses synonymes, ses aspects philosophiques, métaphoriques et ses interprétations plastiques.
Scientifiques, essayistes,
philosophes et artistes, ont, avec passion, beaucoup disserté sur la question. C'est vers l'âge de 8 ans, que cette notion s'imposait brutalement dans ma réalité, contrariant sans doute ma perception et par conséquent son
expression, et dès ma période figurative, générait de fait, le besoin assez psychotique d'utiliser la pointe sèche pour creuser sillons et points dans l'épaisseur du papier, de sorte, que le blanc (vide) apparaisse
après le passage d'un graphite; un bel effet de surface, dans tous les sens du terme, qu'il me fallait dépasser. Depuis, cela se traduit par une expression abstraite combinant surface et support en une structure façonnée de
reliefs multiples, parfois de perforations, de vides intermédiaires et d'interactions avec la lumière, une construction instinctive, tactile et organique, tandis que l'effet "all over" suggère l'interpénétration, la dominante
bleue souvent utilisée, aide à sortir l'objet de sa réalité physique.
Ma production n'est pas importante, moins d'une dizaine de pièces par an, j'aime aller à l'essentiel sans perdre le lien et ainsi
me focaliser sur l'idée la plus apte, la plus forte, afin de conceptualiser la méthode et libérer l'action.
La phase de construction demeure spontanée et jubilatoire, assez éloignée finalement d'une
démarche intellectuelle, j'ignore précisément l'origine de cette exaltation, mais son achèvement provoque toujours un trouble particulier entretenu par l'enthousiasme de nouvelles perspectives .
Ma façon
d'être détermine l'unité de mes œuvres, je suis ce que je trouve et inversement. Les variables constituent cette unité.
Quasi permanente, la musique¨ participe intimement à ma création par son rythme,
sa tonalité, sa charge et l'émotion qu'elle suscite.
Je n'ai pas réalisé d'exposition signifiante depuis une dizaine d'années; retranché dans mon lieu de "travail", je reçois assez régulièrement
quelques visites d'amateurs d'art, de passionnés et parfois de collectionneurs ; de ce retrait, j'apprends beaucoup.
Néanmoins, je n'ai pas de perspective globale arrêtée, mes "travaux" malgré
une source commune n'ont finalement qu'assez peu de liens picturaux entre eux, chaque objet est donc unique, il est l'élément partiel non fractal et pourtant complet d'un ensemble que je ne sais toujours pas nommer; ce qui rend improbable une
production de série, d'où son faible volume, et le peu d'intérêt peut-être, par nombreuses galeries à mon semi-désœuvrement et sa valeur marchande.
Demeure l'espoir que cette expression soit
reçue comme une œuvre singulière, intemporelle et universelle, une expression simple, appréhendée au delà de la sphère ésotérique.
Cependant, le fait que l'évolution
génétique soit bien plus lente que l'évolution culturelle, se traduit chez moi, par l'impression d'appartenir encore à cette source primitive, en clair, j'apprends plus de Lascaux que de Picasso. L'absence d'influence particulière
malgré une sincère admiration pour bon nombre d'artistes, révélation sans doute, d'une ignorance en histoire de l'art qui expliquerait cette pseudo liberté ainsi que ma résistance instinctive à une culture ressentie
comme imposée, alors même que je ne peux la nier, aveu paradoxal qui démontre un nombrilisme naïf et inconvenant, ce que je peux évidemment assumer, tout comme celui d'être aussi le produit de cette culture.
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Mes expositions étaient jusqu'en 2005 une réponse aux difficultés matérielles rencontrées. Aujourd'hui, un confort relatif m'apporte un peu de sérénité
et l'instabilité dissipée fait place à une maturité qui se traduit par une création plus fluide, plus aboutie. Mon désir d'exposer n'est plus déterminé par des motivations liées à ma survie,
mais par une volonté de partage et de communication qui me faisait défaut jusqu'alors.
Reyam Dany Août 2015
Traduction Anglaise
INTROSPECTION
Se réfugier dans sa différence, l'exacerber, la revendiquer. Considérer sa nature sans complaisance et prendre conscience de sa géniale médiocrité, sa puissante fragilité, son avare générosité et de son honnête hypocrisie.
Enfin, appréhender sa solitude afin de légitimer la quête de pulsions empathiques, seul moyen, sans doute, d'excentrer l'épicentre nommé nombril.
Alors, serons nous des excentriques, d'extravagants altruistes.
Reyam D. 1999
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Opinion ... extraits de Pierre Osenat (SINUSOÏDES DE L'ART)
La faconde des sophistes en impose à l'incertitude de l'opinion , une société empêtrée dans ses contradictions, incohérente, en lisière de l'absurde ne voit plus dans l'art qu'une valeur refuge proposée souvent par des sociétés à investissement ; la peinture considérée comme un produit financier risque d'être un ersatz de marketing en quête de yens et de dollars.
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Evidence ...
Le collectionneur doit savoir lire une oeuvre d'art. L'artiste doit savoir l'écrire.
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Art attitude / Dandysme / cynisme ou nouvelle piste ?
L'Art est "une affaire sérieuse" qui convoque l'artiste, mais cette convocation le dépasse. Il est dans l'impossibilité de se saisir, sauf à se désoeuvrer.
Substituer l'objet au sujet, attribuant au premier les vertus du second, pour le meilleur et pour le pire; l'oeuvre pour être divine, ne peut que se doubler de la possibilité de son absence: l'acte pur, véritablement divin supposant la puissance au négatif comme au positif.
C'est ainsi que la neutralité dandie consomme la mort de l'historicité artistique, par sa propension à en tourner tous les items en effets de surface, et en ouvre l'intemporel registre létal.
Entretien Flash Art /Milan 1986 ; J.M. Armleder avec Christoph Schenker
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